L’Inde est le pays le plus peuplé au monde et le 7ᵉ de par son étendue. Sa physionomie est semblable à une pyramide inversée dont la base située au nord s’appuie sur la plus grande chaîne de montagnes au monde, l’Himalaya, et dont la pointe plonge vers le sud dans l’Océan Indien. Le littoral s’étend sur plus de 7 000 km.
L’Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l’Indus s’y est développée dès 3000 av. J.-C. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l’Antiquité. L’Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l’hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le christianisme et l’islam s’y sont implantés durant le Iᵉʳ millénaire.
L’Inde est aujourd’hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
L’hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. Aves ses 15% de musulmans, l’Inde est le troisième pays ayant la communauté musulmane la plus importante.
Elle est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante. On compte 234 langues maternelles dont une vingtaine sont officielles. Le gouvernement tente de généraliser à tout le pays la langue hindi pratiquée par 41% de la population et l’anglais.
Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L’Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente de Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
En 2023, l’économie indienne est au cinquième rang mondial de par son PIB. L’Inde, pays à forte croissance économique, est considérée comme un nouveau pays industrialisé. Cependant, certains problèmes comme la pauvreté, l’analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 65 % des revenus nationaux. Au PIB par habitant, l’Inde est au 157ᵉ rang.
L’Inde est aujourd’hui à la dernière et 180ᵉ place du classement sur l’Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L’étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l’air.
LE CLIMAT
L’Inde a un climat de mousson, tropical, semi-aride et chaud. Il y a quatre saisons en Inde :
- la saison fraîche (de décembre à février) où les températures sont les plus froides de l’année (d’où le nom « fraîche »), et où les températures varient entre 25 °C et 28 °C au nord et entre 30 °C et 33 °C au sud ;
- la saison sèche (de mars à juin) où les températures sont les plus chaudes, et où on atteint en moyenne jusqu’à 43 °C au nord et jusqu’à 48 °C au sud où le record de chaleur est de 54 °C ;
- la saison des pluies (juillet-août) où il pleut durant toute la saison avec des averses d’eau chaude, les températures variant entre 28 °C et 31 °C au nord et pouvant néanmoins atteindre jusqu’à 35 °C au sud ;
- la saison de mousson (de septembre à novembre). Cette saison représente la saison la plus douce de l’année où les températures sont similaires à celles de la saison des pluies. Le temps est très nuageux et non pluvieux.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat relève que la mousson indienne s’est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l’océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l’Inde est particulièrement vulnérable à l’élévation du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des prochaines décennies.
SON HISTOIRE RECENTE
L’indépendance de l’Inde a été acquise le 15 août 1947. Elle fait suite à la lutte pacifique et obstinée menée par le Congrès National Indien, aussi appelé Parti du Congrès.
La figure emblématique était le mahatma GANDHI. Parmi l’équipe dirigeante qui œuvrait autour de lui Jawaharlal NEHRU fut le premier Premier ministre de l’Inde.
Toutefois, lors de cette indépendance, le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l’Inde et le Pakistan.
Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l’Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique. Le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les états et territoires.
L’essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l’Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
La Cour suprême de l’Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d’appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s’est dotée d’un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l’homme. Ses membres sont nommés par le Président de l’Inde.
Après l’Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 28.
Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé pour cinq ans par le Président de l’Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l’État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif).
Les territoires de l’Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l’État central. Toutefois, trois d’entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d’élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C’est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional. La cohésion d’un pays d’une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique, et présentant du fait de la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d’un système démocratique laissant suffisamment d’autonomie aux États de l’Union, plus homogènes.
Dans les années qui suivent l’Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l’état d’urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l’état d’urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d’une coalition d’opposition : c’est la première fois que le Congrès se retrouve dans l’opposition.
Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s’engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste hindouiste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu’au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l’Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019, qui voient le BJP accroître sa majorité.
Fort de cette indiscutable réélection, Narendra Modi et son parti, le BJP, accentuent sans vergogne leur ligne politique droitière et nationaliste. La discrimination envers les non hindous et les minorités devient ouvertement la politique d’État. Les libertés individuelles et la liberté de la presse sont mises à mal. Les adversaires politiques sont emprisonnés ou juridiquement poursuivis pour des motifs fallacieux. La corruption d’état s’installe. Des magnats proches de Narendra Modi bénéficient de juteux marchés publics et de largesses capitalistiques. Ils sont, en retour, ses sponsors.
Mais à l’issue des élections législatives nationales de juin 2024, Narendra Modi et le BJP ne disposent plus que d’une majorité relative et les obligent à former une coalition avec 2 petits partis régionaux.
CARACTERISTIQUES, CHIFFRES
Si l’Inde connaît une croissance fulgurante et, depuis 2022, est devenue la 5ᵉ puissance économique, ces données n’enlèvent en rien à la pauvreté qui la caractérise depuis longtemps. Si certes chaque année une classe moyenne émerge et alimente ces excellents chiffres économiques, il n’en demeure pas moins que l’Inde est un des pays les plus inégalitaires au monde. 10% des plus riches concentrent 65% de la richesse nationale et 1% des plus riches 33%. Ramené au PIB par habitant le classement de l’inde dégringole au 137ᵉ rang mondial. Environ 50% de la population sont maintenus dans un pesant état de pauvreté.
Les politiques publiques, surtout depuis les 30 dernières années, accentuent cette situation : les budgets de la santé et de l’éducation sont respectivement réduits à 2,96% (180ᵉ rang mondial) et 4,5% (81ᵉ rang mondial) du PIB. Les dépenses sociales et les droits syndicaux sont insignifiants.
Des fléaux endémiques, souvent combinés les uns avec les autres, enfoncent vers le bas une frange importante de la population.
Au 1ᵉʳ rang de ceux-ci, le phénomène des castes issu des temps immémoriaux de l’indouisme, érigé en système dans les textes religieux, enferme jusqu’au plus profond de lui-même tout hindou riche ou pauvre dans un classement rigide, héréditaire, endogame, hiérarchisé et finalement ségrégationniste.
De cette essence religieuse empreinte de notion de pureté, la société est répartie en Brahmanes qui assurent les services religieux, en dessous d’eux les Kshatriyas ou guerriers, puis les Vaishyas, qui sont à l’origine des propriétaires cultivateurs, des commerçants ou des artisans et enfin les Sudras, petits agriculteurs et éleveurs.
Tous ceux qui sont en dehors de ces castes, sont des exclus. On les appelle les intouchables ou bien les dalits, c’est à dire les opprimés. Sont aussi exclues les populations tribales appelées adivasis.
Ces intouchables qui représentent 30% de la population sont perpétuellement persécutés. Ils sont astreints à exécuter les tâches les plus dégradantes, telles que le ramassage des excréments. Il leur est interdit de se mêler aux autres, de partager leur nourriture, de puiser l’eau dans le puits commun. Ces impurs ne doivent pas souiller les autres. Au comble de ce terrible apartheid social, les assassinats et les lynchages dont ils font régulièrement l’objet ne mobilisent pas outre mesure la police et la justice. C’est dans l’ordre du karma, dans l’ordre des castes. C’est ainsi depuis des millénaires. Ni eux-mêmes et encore moins les autres ne songent à remettre en cause ce dramatique fatalisme.
Ainsi, depuis des millénaires, on exerce de père en fils le même métier, on se marie au sein de la même caste, voire de la même sous-caste. Il est impossible à de rares exceptions près, de s’affranchir de ces règles archaïques. Ceux qui tentent de s’y soustraire sont ramenés par la famille ou le groupe à la bergerie, y compris par la violence. De nombreux crimes trouvent là leur origine.
L’article 15 de la Constitution de l’Inde interdit les discriminations fondées sur les castes, mais cela n’efface pas le poids des millénaires passés. Les intouchables bénéficient toutefois d’une politique de quotas réservés dans la fonction publique et l’éducation.